Lentement, j'assiste à ma mise à mort,
Pendant que mes bourreaux paradent et font la roue,
Je meurs à petit feu,
Comme écorchée à vif
Par des tortionnaires patients et méthodiques,
Il faut me dépouiller de tout apparence humaine
Et défaire un à un les liens qui me rattachent au monde,
J'assiste impuissante au désastre qui s'annonce,
A quoi sert de crier quand il n'y a plus personne,
J'erre à travers l'indifférence glaciale
De ces fantômes d'humains,
Je tombe, je chute, je sombre
Dans un puits qu'on dirait sans fond,
Je suis celle dont on ne doit pas parler,
je suis celle dont on ne doit pas se souvenir,
Coupable témoignage d'un génocide insu,
Définitivement exilée de l'espèce humaine,
Je glisse dans le néant des choses non advenues,
Je ne suis même pas le néant,
Je suis l'incrée, en deça de toute existence,
Je meurs,
Et pourtant j'espère encore.