Je suis la voix de toutes les bâillonnées,
Je suis la voix de toutes les mutilées,
De toutes les suppliciées,
Devant l'adversité, je me dresserai,
Devant les nuées des ténèbres, je bataillerai,
Pour toi, ô mon aimée,
Plus tendre qu'une gazelle,
Plus douce qu'une pluie de colombes,
Je combattrais le Dieu Serpent lui même,
Je serais là, toujours là,
Pour toi, je demeurerais toujours là,¨
Ô mon aimée,
Je t'arracherais aux légions démoniaques,
Toi, la biche aux yeux de jais,
L'amande de tes yeux,
Un regard de toi me plonge dans un désir ardent,
L'aile des djinns est passée sur moi,
Ton corps danse, ton corps ondoie,
A la lueur des feux du campement,
Ta tête lentement tournée vers moi,
Tes cheveux sont des cavales sur le vent des dunes,
Ta peau ambrée luit comme du cuivre
Fondu dans les forges du palais du sultan,
Des gouttes d'eau perlent sur le voile de ton corps,
Elles descendent, descendent le long de tes bras,
Le long de ton ventre,
Sur ta poitrine de neige,
Ton ventre de marbre,
Pour aller se perdre, se noyer,
Dans les canaux sacrés de ton jardin doré,
La lueur rougeoyante des torches
Fait miroiter l'eau de ton visage
De mille reflets diaprés,
Telle, tu m'apparus,
Comme une vision céleste,
Et pourtant si charnelle et humaine,
Je jure de te retrouver au delà des océans,
Au beau pays d'Orient,
Là où vit mon coeur de pur amour,
Dont je suis si éprise,
De joie et de douleur mêlées.