J'ai si longtemps vécu derrière une vitre,
Isolée, au milieu de la foule,
Le visage plaqué contre le verre,
Je criais, je hurlais,
Et personne ne m'entendait,
Enfermée dans ma cage transparente,
Sans contact possible,
Je mourais, solitaire et désolée,
Je mourais et personne ne m'entendait,
Mes lèvres entrouvertes sur des paroles sans objet,
Privées de destinataires,
En plein désert, au milieu de la foule,
Qui passait, affairée et pressée,
Parfois un mot, bouteille à la mer,
S'échappait malgré moi
Pour s'affronter à la muraille de l'indifférence,
Peine perdue,
Pas même l'aumône d'un regard,
Rien,
Le blanc et l'absence régnaient en maître,
Le givre enveloppait mes lèvres et mon cœur,
Mon corps était de glace,
En attente d'un réchauffement en lequel je n'osais plus croire.